S’inspirant du meurtre de David Zamundo, victime d’un crime homophobe, à Santiago en 2012, le réalisateur Alex Antwandter, signe son premier long métrage, avec une force et une infinie délicatesse. S’affranchissant du strict fait divers, il ouvre son propos cinématographique sur la relation père-fils dans un Chili dévasté par la crise économique. La réussite saisissante de ce film tient dans le choix du parti pris radical en se focalisant sur Juan, le père, homme terne, qui n’a jamais vraiment parlé avec son fils, qui ne sait rien de sa vie. D’effacé, fragile et soumis, il prend soudain la force d’un héros tragique (frère d’âme et d’armes d’Antigone) pour reprendre en main le destin de son fils, et par là même le sien. L’acteur Sergio Hernandez est tout simplement terrassant d’humanité dans son acharnement à porter haut et fort la dignité bafouée des laissés pour compte.
Ce film aurait pu être sombre, noir. Il n’en est rien : en mettant la lumière sur la force insoupçonnée de ce père, il nous donne paradoxalement à espérer en l’Homme et en sa puissance de résistance et de solidarité face à la barbarie.