Chela, héritière de la petite bourgeoisie paraguayenne vit à Asuncion avec Chiquita. Depuis trente ans, elle profite avec sa compagne de l’héritage familial, dans un monde replié sur lui-même. Elle doit maintenant vendre tous ses biens, meubles, bibelots, bijoux pour éviter la faillite tandis que Chiquita, elle, part purger en prison une peine pour fraude fiscale. Restée seule, confrontée à une réalité dont elle ignore tout, Chela, pour gagner un peu d’argent fait le taxi pour des femmes agées de la bourgeoisie dans son quartier, peut-être le début d’une renaissance…
Dans le cadre rigide d’une société paragayenne pleine de préjugés, sclérosée et en proie à une pauvreté grandissante, Chela jusque là choyée à la maison et coupée du monde va peu à peu s’émanciper, voir autrement la vie et les gens, retrouver une liberté et un désir que l’enfermement avec Chiquita avait bridés. Elle devient par là même l’allégorie d’une possible résurrection d’un pays et d’une société en panne, sur fond de crise économique et politique récurrente après les heures sombres de la dictature. Récit de la prise de conscience individuelle d’une aliénation affective et sociale « Les héritières » est en parallèle l’analyse subtile d’une classe sociale qui se meurt, encore enfermée dans ses privilèges, tandis que là-bas en prison, la pauvreté et la lutte pour survivre, pleine de bruit et de fureur disent une toute autre réalité.